« Evelyne la couturière » est notre second témoignage d’une jeune fille passée par l’Association humanitaire MIAVO pour se reconstruire et se réinsérer socialement dans la vie active à Madagascar.

Un reportage vidéo

La encore et en complément de l’article, nous avons effectué avec les moyens et compétences multimédia de MIAVO un mini reportage vidéo de ce témoignage de vie. Dans celui-ci, Evelyne fait le point avec Nirina, la directrice de MIAVO, sur sa situation . On peut la voir aussi à l’œuvre sur sa machine à coudre flambant neuve. https://www.youtube.com/watch?v=A15ZvAauMMc

Evelyne

 

 

A son arrivée au centre MIAVO en Octobre 2014, elle avait 18 ans tout comme Sandra. Elle habite à Ampangabe, dans la commune rurale d’Ambohitrimanjaka, de l’autre côté de la rivière Ikopa et donc à 15km de marche du centre MIAVO.

Evelyne est une jeune fille réservée et très timide. Après avoir obtenu le BEPC comme diplôme, elle a dû arrêter ses études du fait d’importantes difficultés financière et relationnelles au sein de sa famille.

Derrière cette timidité et cette très grande réserve se cache une jeune fille dont la personnalité n’est pas facile à cerner. Comme souvent pour les jeunes dans son cas, ce caractère renfermé lui sert de bouclier pour affronter les difficultés de la vie bien qu’il ne lui facilite pas non plus une certaine éclosion sociale. Lorsque Evelyne était un peu poussée dans ses retranchements par des questionnements trop insistants, elle pouvait réagir épidermiquement surtout si elle avait accumulé des rancœurs du fait des difficultés qu’elle rencontrait pour ouvrir son cœur.

 

 

 

Les parents d’Evelyne sont des cultivateurs et exercent tous les durs travaux des champs pour assurer une source de revenus à la famille.

Cela va de la culture de légumes au labourage des rizières en passant par la confection de briques d’argile pour la construction.

 

 

 

Une volonté d’émancipation

Evelyne a toujours eu des relations assez difficiles avec son papa, trop patriarche et protecteur à son gré.

Plongée dans ce contexte pesant, elle a depuis toujours voulu s’en émanciper et a cherché tous les moyens pour pouvoir sortir de ce cocon familial qui l’empêchait de s’épanouir.

Elle a passé toutes les étapes de MIAVO avec succès du fait d’une volonté de fer et d’un investissement exemplaire.

Dès le début de son accompagnement, elle avait présenté une motivation hors pair qui nous a tout particulièrement frappés.

Il est vrais que parcourir 30km par jour (en aller/retour et ce, pendant près de trois mois) à pieds en traversant la rivière en pirogue, les champs et les rizières, que ce soit dans le froid hivernal ou sous les pluies torrentielles démontrait que nous étions en face d’un caractère bien trempé.

Pendant lors de sa remise à niveau au centre MIAVO, nous avons pu établir une grande relation de confiance avec elle surtout grâce à la pratique des activités socioéducatives.

Petit à petit, Evelyne est parvenue à évacuer tous ses états d’âmes et surtout à apprendre à se confier et à communiquer sur ses problèmes existentiels.

 

 

 

Cet environnement de confiance mutuelle lui a aidé à aborder les choses sous un autre angle. En s’exprimant, elle est parvenue à mieux se comprendre elle-même mais surtout à comprendre les autres en particulier son père. Ce changement d’état d’esprit lui a même permis de s’investir dans la reconstruction d’une relation apaisante au niveau familial.

A ce sujet, rappelons que l’épanouissement personnel est une composante indispensable du programme pédagogique mis en œuvre par MIAVO pour l’épanouissement de ses jeunes et l’accomplissement de leur projet de vie.

 

 

 

 

La couture pour s’épanouir

Evelyne a toujours été fascinée par le travail des couturières.

C’est pourquoi, elle a choisi de suivre une formation professionnelle en coupe et couture. A son entrée au centre de formation, MIAVO lui a octroyé des frais de déplacement pour qu’elle ne soit jamais en retard et qu’elle puisse maîtriser sa fatigue en prenant le bus.

Elle a donc suivi cette formation pendant 9 mois à l’ECCOVA d’Ambohibao. Elle a ensuite enchaîné avec 3 mois de formation en machine industrielle. Sa volonté et sa motivation lui ont permis d’obtenir ses certificats avec mention bien.

 

Après la fin de sa formation, son père a redoublé d’efforts pour pouvoir la doter d’une machine à coudre personnelle pour qu’elle n’ait pas à aller travailler en ville.

Au début, cette démarche a enchanté Evelyne, mais rapidement, sa volonté d’autonomie a repris le dessus. Elle a très nettement marqué sa préférence pour travailler dans une entreprise qui, à son avis, lui permettra de s’épanouir, de mieux se connecter au monde professionnel extérieur et de lui assurer des revenus plus réguliers.

Actuellement, Evelyne travaille à son compte. Elle a un certain nombre de clients mais ceux-ci ne sont pas forcément très réguliers. Elle se spécialise pour les robes tout en cherchant à s’améliorer dans la confection de pantalons.

Cependant, elle manifeste toujours le désir de pouvoir travailler dans grande entreprise.

 

Si Sandra est un peu devenue la Cendrillon de MIAVO, Evelyne en serait plutôt la belle au bois dormant mais, consciencieuse et appliquée comme elle l’est, elle ne risque pas de se piquer le doigt et encore moins de s’endormir sur son ouvrage.

 

Le témoignage d’Evelyne

Ci-après, nous faisons figurer les réponses d’Evelyne au questionnaire que nous lui avons soumis.

Comment avez-vous connu le centre MIAVO ?

C’était mon père qui a été informé par le propriétaire de la 1^ère maison du centre MIAVO.

Quelles étaient vos attentes ou vos espérances par rapport à votre projet avec MIAVO ?

Pour m’aider à s’en sortir sur le plan comportemental et ma situation très difficile.

Comment avez-vous vu votre avenir avant la prise en charge de MIAVO ?

Très flou, incertain.

Que pensez-vous des actions de MIAVO face aux jeunes défavorisés ?

Très utile et bien fondé car les jeunes en situation difficile ainsi que leurs parents ont vraiment besoin d’éducation comme telle, des conseils, et de l’orientation. Le fait de préparer et d’aider les jeunes sans avenir pour le monde du travail est une aide précieuse.

Avez-vous rencontré des problèmes au cours de votre projet avec MIAVO ? Lesquels ?

Aucun

A présent que vous êtes une sortante de MIAVO, comment trouvez-vous votre avenir ?

Meilleur et plein d’espoir pour pouvoir s’épanouir dans ce métier.

Quel à présent votre prochain objectif ?

Travailler dans une société de grande envergure pour m’améliorer encore et encore  afin de devenir un jour « quelqu’un ».